plus de mains
Entraîne les joueurs à sortir d'eux-mêmes.
12
Le salon à la langue noire lèche son maître
Il l'embaume il lui tient lieu d'éternité.
13
Le passage de la Bérésina par une femme rousse à grandes
mamelles.
14
Il la prend dans ses bras
Lueurs brillantes un instant entrevues
Aux omoplates aux épaules aux seins
Puis cachées par un nuage.
Elle porte la main à son cœur
Elle pâlit elle frissonne
Qui donc a crié?
Mais l'autre s'il est encore vivant
On le retrouvera
Dans une ville inconnue.
10
Why are they made to run
They are not made to run
Arriving underdue
Departing overdue
What a road back
When slowness takes a hand
Proofs of the contrary
And futility
11
Gold-filings a treasure a platinum
Puddle deep in a horrible valley
Whose denizens have lost their hands
It takes the players out of themselves
12
The drawing-room with its black tongue licks its master
Embalms him performs the office of eternity
13
The Beresina forded by a sandy jug-dugged woman
14
He takes her in his arms
Bright gleams for a second playing
On the shoulder-blades the shoulders and the breasts
Then hidden by a cloud
She carries her hand to her heart
She pales she quakes
Whose then was the cry
But he if he still lives
He shall be rediscovered
In a strange town
15
Le sang coulant sur les dalles
Me fait des sandales
Sur une chaise au milieu de la rue
J'observe les petites filles créoles
Qui sortent de l'école en fumant la pipe.
16
Il ne faut pas voir la réalité telle que je suis.
17
Toute la vie a coulé dans mes rides
Comme une agate pour modeler
Le plus beau des masques funèbres.
18
Les arbres blancs les arbres noirs
Sont plus jeunes que la nature
Il faut pour retrouver ce hasard de naissance
Vieillir.
19
Soleil fatal du nombre des vivants
On ne conserve pas ton cœur.
(A toute épreuve, 1930)
15
The blood flowing on the flags
Furnishes me with sandals
I sit on a chair in the middle of the street
I observe the little Creole girls
Coming out of school smoking pipes
16
Do not see reality as I am
17
All life even as an agate has poured itself
Into the seams of my countenance and cast
A death-mask of unrivalled beauty
18
The black trees the white trees
Are younger than nature
In order to recover this freak of birth one must
Age
19
Fatal sun of the quick
One cannot keep thy heart
(All Proof, 1930)
ARTHUR RIMBAUD
Le Bateau Ivre
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs:
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Drunken Boat
Downstream on impassive rivers suddenly
I felt the towline of the boatmen slacken.
Redskins had taken them in a scream and stripped them and
Skewered them to the glaring stakes for targets.
Then, delivered from my straining boatmen,
From the trivial racket of trivial crews and from
The freights of Flemish grain and English cotton,
I made my own course down the passive rivers.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus! et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'œil niais des falots.
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et, dès lors, je me suis baigné dans le poème
De la mer infusé d'astres et lactescent,
Dévorant les azurs verts où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif,